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L’histoire de la découverte de la grotte

 24 janvier 2022
 24 minutes environ

Une grande histoire de famille

 » Certaines belles histoires  sont  la résultante du hasard,  de concours, de circonstances heureux,  et de beaucoup d’efforts:  tel fut le lot pour les Grottes de Saint Cézaire. »

 

Découvrez l’ histoire de la Grotte de Saint Cezaire

Grâce aux souvenirs recueillis auprès de Mme Josette LELOUP , la petite-fille du découvreur, Léon DOZOL ;

Ecrit par Melle Christine DELANGLE

 

La découverte de la Grotte

 

Il en est en général d’une idée nouvelle comme de l’aube; elle trouve la plupart des gens en train de dormir »

Sirius

 » Le terrain qui reçoit ces grottes était, -et demeure-, propriété de la famille DOZOL: famille d’agriculteurs. La nature du sol ainsi que le climat prédestinaient la parcelle à la culture de la vigne, des oliviers et du blé.

Dans ce contexte Léon DOZOL travaillait la terre destinée à accueillir ses vignes, grattant consciencieusement le sol, et il découvrit un trou béant. Loin de penser qu’il s’agissait là d’une découverte qui allait changer le cours même de son existence, il continua à travailler sa terre des années durant, et se servit de ce trou comme d’une cavité bien pratique pour évacuer tous les détritus végétaux de son champs, ainsi que toutes les pierres qui le gênaient…

Finalement, il fallut une journée pluvieuse, qui déjoua les projets de l’agriculteur (récolter le blé avec sa famille appelée en renfort en vue de l’ouvrage) pour que, intrigué par la capacité de ce trou jamais comblé, Léon DOZOL décida de descendre au bout d’une corde, tout juste à la lueur d’une bougie, afin de comprendre l’importance de cette cavité. Ce fut bien sûr le plus grand étonnement imaginable qu’il partagea vite en descendant de nouveau en compagnie de son épouse, Octavie née PELACY; relayés par sa soeur ainsi que son beau-frère. Cette première descente s’effectua  jusqu’au Balcon actuel et même, jusqu’à la grande stalactite, ce qui leur donna une idée de l’importance de cette cavité. Sans en comprendre tout de même, d’emblée, les retombées possibles sur l’existence de leur famille. N’oublions pas que tous se considéraient avant tout comme agriculteurs…

Découverte de la grotte

Léon Dozol

Un ami de la famille, le Dr GUEBARDH, fut convié à voir la cavité lui aussi. Remarquablement surpris, il poussa la famille DOZOL à poursuivre la découverte et surtout l’aménagement de la grotte. C’est ainsi que pendant une dizaine d’années, Léon DOZOL, en plus de son travail d’agriculteur s’astreint à édifier l’escalier actuel pour accéder jusqu’au fond de la grotte, le plus facilement possible.

Dès 1902, il fallut sécuriser la grotte (qui fut victime de pillage); d’où l’idée du premier petit cabanon au-dessus de l’entrée de la Grotte, avec une solide porte.

Alors commença la première campagne de publicité… Bien grand mot pour résumer les efforts de la fille aînée de Léon DOZOL, Marie, très active auprès de son père. C’est en effet la jeune femme qui se chargea des premières photos auprès d’un studio de DRAGUIGNAN. Et ainsi, en 1900, les travaux furent terminés; la grotte praticable; les premières visites pouvaient commencer..

Ah bien sûr ! Rien de comparable avec ce que nous connaissons aujourd’hui…

Mais replaçons nous dans le contexte ! D’abord, considérons que Léon DOZOL se voulait avant tout agriculteur; c’est grâce à cela qu’il pouvait faire vivre sa famille…D’où l’idée, quand les visites commencèrent à devenir plus fréquentes, de faire payer un droit d’entrée (pour compenser le manque à gagner de son rendement agricole). D’ailleurs, Léon Dozol était avant tout dans ses champs; quand les premiers visiteurs sont venus aux grottes, il fallait aller le chercher au milieu de son domaine ! Car il fut non seulement le découvreur, le maître d’oeuvre des travaux mais aussi le premier guide de cette cavité merveilleuse …

Ensuite, imaginons bien la situation des Grottes de Saint Cézaire à cette époque: aucune véritable route pour y accéder, juste des pistes pour les chevaux; pas d’électricité, non plus (les visites se faisaient à la bougie)…

Et puis, et puis, détail que nous négligeons, nous-autres, aujourd’hui: pas de congés payés à cette époque. Qui pouvait se permettre une visite récréative des grottes, et un tel déplacement d’agrément ? Uniquement les aristocrates de l’époque: de riches Anglais venant de Cannes; et une forte concentration Russe venant de Cabris.

Mais peu importaient les conditions de cette époque … Les visiteurs étaient enthousiastes: en 1900, visiter une grotte était une pure merveille, une vraie curiosité. D’ailleurs, les premiers visiteurs refusaient de croire qu’une telle merveille fût l’oeuvre de la nature; on imaginait Léon DOZOL en sculpteur… Ce qui nous fait sourire aujourd’hui, mais remettons-nous, une fois encore, dans le contexte !

Durant ces premières visites, bien sûr, aucun service annexe; juste la possibilité de ramener de cette escapade quelques cartes postales, grâce à la pugnacité de Marie DOZOL, qui sans le peser vraiment à l’époque, initia à sa façon, le commerce annexe des grottes de Saint Cézaire.

Et puis, la guerre de 1914-1918 arriva, et ce fut la fermeture des grottes…

Fin de la première phase des grottes, révélées par cet heureux coup de pioche, avec l’éveil de cette remarquable audace: rendre ces grottes visibles au plus grand nombre !

 

Le pouvoir de l’homme se mesure à sa pensée constructive. Avec les mêmes matériaux, l’un bâtit un palais; l’autre une chaumière. La pierre rencontrée en chemin est un obstacle pour le faible; pour le fort, c’est un gradin pour s’élever

Carlyle

 

Entre 1918 et 1920,  c’est un autre événement inattendu qui va être à l’origine de l’envie de la famille d’aller plus loin encore…

Les studios MERCANTON ont idée de faire un film qui se déroulerait entre la commune de Saint Cézaire et les Iles de Lérins: un film par ailleurs connu qui mit en scène Charles VANEL: « Phroso » (d’après un roman d’Anthony HOPE, sous la direction de Louis MERCANTON)

La famille DOZOL accepta qu’une partie du tournage ait lieu au sein des grottes; et là, surprise… ! Pour les besoins du film, des groupes électrogènes prirent part à la révélation de ce magnifique paysage minéral.

Eh oui ! Ce fut, en effet, la première fois que la grotte fut ainsi mise en lumière… Et bien sûr, toute la famille DOZOL dut reconnaître que cela changeait tout: leur grotte était certes déjà superbe à la lueur des bougies et lampes acétylène…Mais la clarté de la  lumière électrique révélait un véritable écrin minéral dans les tonalités orangées, tout en transparence.

C’était décidé ! Il fallait pousser les travaux plus loin…

Et la ténacité de la famille, renforcée par leur passion fit que l’électrification de la grotte de Saint Cézaire fut réalisée après un an et demi de travaux, effectués par les fils de Léon Dozol (Joseph et Marcel). Ces mêmes groupes électrogènes qui resteront en activité jusqu’en 1965…

Et ainsi, dans cette nouvelle ambiance, grâce à l’électricité, les visites purent se développer.

 Il faut dire, qu’en parallèle, la famille s’était attelée à un autre chantier: créer une route digne de ce nom pour répondre aux venues toujours plus régulières. Cette route fut commencée environ en 1922 par le fils de Léon DOZOL, Marcel, grandement aidé dans sa tâche par M. POTER (le premier guide extérieur à la famille). Pour donner une idée du travail des deux hommes, il faut imaginer la transformation d’une simple piste de 1,5 km, mal délimitée (depuis l’actuelle usine de Parfums « Florescence » jusqu’à l’actuelle entrée du parc des Grottes).

Ce fut d’ailleurs ce même M. POTER, fidèle allié de la famille, qui rechercha avec une ténacité sans faille une sortie possible pour la grotte, avec l’aide d’un sourcier. Des pistes furent trouvées, mais sans indication de la profondeur…D’où l’abandon de ce projet, trop ambitieux sans grands moyens matériels.

Histoire de la découverte de la grotte

Travaux de la route

Ce fut un travail pénible qui nécessita toute l’énergie des deux hommes, pendant 8 ans environ, mais ils y croyaient…Contrairement à Léon DOZOL (pour qui tout allait trop vite) et qui un an avant sa mort, répétait sans cesse: « Vous ne verrez jamais une voiture ici ! ». Ce qui, bien sûr, prête à sourire quand on vit aujourd’hui au rythme de la noria des voitures de vacanciers et d’autobus durant la saison estivale…

Mais, il faut imaginer pour le découvreur le chemin parcouru entre son coup de pioche initial et l’expansion que connaissaient déjà les Grottes dans les années 20… Et à partir de ce moment là, l’ aura de la grotte ne cessa de se diffuser, et peu à peu une nouvelle clientèle arriva par exemple de Belgique, durant les années 30. On commença à parler d’un salon de thé qui offrait du café chaud, servi dans de jolies tasses en porcelaine et avec couverts en argenterie…Toute une époque pour répondre à cette riche clientèle.

Une offre de services plus complète se développa à partir de 1928, avec l’ouverture du premier restaurant des Grottes.
De fait, les autocars RICOU proposaient à de riches vacanciers des circuits au départ de Nice, en passant par les GORGES-DU-LOUP  pour rallier les Grottes de SAINT-CEZAIRE, avant de repartir en direction des parfumeries de GRASSE…
A condition que les Grottes soient en mesure de proposer une formule de restauration !

Qu’à cela ne tienne !
La famille était courageuse et les femmes de la famille décidèrent en chœur que cela ne serait pas un problème, mais plutôt une chance nouvelle à saisir.
Ainsi, un peu avant les années 30, les heureux visiteurs eurent ils  la possibilité de goûter le repas unique cuisiné de bon cœur par Eugénie DOZOL (épouse du second fils du découvreur) et servi avec tout autant de passion par Joséphine DOZOL (épouse du fils aîné de Léon DOZOL).

histoire de la grotte de st cezaire

développement du tourisme de la grotte

 

Au menu, à cette époque, charcuteries variées et omelette aux fines herbes/ail/persil suivies d’une côte de veau accompagnée de ses légumes de saison;
et pour finir, fruits de saison; tout cela servi avec goût sur une jolie petite nappe à carreaux jaunes et blancs …
Déjà à cette époque, la volonté de satisfaire au mieux la clientèle était présente, comme elle n’a jamais cessé de générations en générations.
Ainsi ce restaurant se maintiendra-t-il une dizaine d’années…

Et pourtant, le travail  était bien plus pénible que de nos jours :
n’oublions pas qu’à cette époque, l’eau n’était pas au robinet;
la conservation des aliments nécessitait de se ravitailler à GRASSE en pains de glace; les machines à laver le linge étaient encore dans les limbes de la pensée humaine ….

Oui, mais la fusion familiale était omniprésente ;
La bonne volonté, la polyvalence de chacun pour la bonne marche de l’entreprise :
un esprit que tous les dirigeants de la Grotte sont parvenus à transmettre, même quand face au développement rapide de ce qui devait devenir une activité touristique à part entière, il fallut embaucher un personnel extérieur au giron familial. Mais ceci est une autre histoire qui va donner lieu à un chapitre exclusif…

Jusqu’à la seconde guerre mondiale, l’activité des Grottes de Saint-Cézaire se développa.
Ainsi, sensiblement au fil des années, faisant profiter des richesses de la nature à tous les visiteurs, grâce au travail considérable effectué par la famille, et aux modernisations qui en ont découlé :
plus grande facilité d’accès, électrification, et offre de service supérieure, tant qualitativement que quantitativement …

Mais la Guerre arriva…
Et, les Grottes s’endormirent de nouveau, cachant jalousement leurs merveilles pendant 7 longues années …
De peur que des résistants ne viennent s’y cacher, endommageant ce chef-d’œuvre naturel …

 

 

 

« Le génie est fait de 99% de transpiration et de 1% d’inspiration »

Edison

La fin de la guerre et la volonté de rouvrir les Grottes au public fut marquée par une première phase de lourds travaux électriques.
En fait, 7 années de fermeture et d’humidité avaient eu raison de tous les travaux antérieurs : il fallut sur le champs reprendre tout le réseau…

Une fois de plus, la famille passionnée par son trésor naturel fit contre mauvaise fortune, bon cœur …
Et, la Grotte revêtit de nouveau ses habits de lumière, la rendant digne d’admiration.

Parallèlement, il fallut refaire toute la route, qui, elle aussi avait bien souffert …

Cela fait, les visiteurs purent revenir toujours plus nombreux ;
et c’est d’ailleurs dans les années 50, que s’imposa la nécessité des tickets de couleurs, par groupes, que nous connaissons aujourd’hui.
Il était déjà loin, à cette époque, le temps où on allait chercher Léon DOZOL dans ses champs pour obtenir le droit de visiter !

Outre le fait que les visiteurs étaient toujours plus nombreux, ils étaient aussi d’horizons toujours plus divers, avec une certaine récurrence de nationalités en fonction des décennies.
De fait, l’histoire des Grottes montre qu’il y a eu des séries de visiteurs, comme des modes, par régions, par pays…

Par exemple, dans les années 50, les Grottes furent assaillies par les mineurs du Pas-de-Calais qui venaient du château de  MANDELIEU-LA-NAPOULE.
Un circuit leur était proposé incluant les grottes, les Parfumeries de GRASSE et les poteries de VALLAURIS.
Ils vinrent nombreux à chaque fois (par groupes de 60); et ce, jusqu’en 1980, à la fermeture des houillères.

Dans les années 60, Saint Cézaire comptant deux colonies de vacances pour jeunes enfants: colonie de LENS (Pas-de-Calais) et colonie des « Vaillants » de NICE, la population de visiteurs des Grottes se rajeunit !

C’est d’ailleurs dans les années 1965 que les instituteurs mirent au programme des sorties scolaires la visite des Grottes :
phénomène qui devait largement se répandre jusqu’à nos jours.

Fin des années 50 – début des années 60, c’est un nouveau film tourné à la fois dans les Grottes de ST CEZAIRE  et au sein des Grottes de LA FOUX (grosse résurgence qui plonge dans la Siagne) qui va drainer énormément de monde, en plein mois d’octobre (mois normalement très calme !) pour le plus plus grand étonnement de toute l’équipe de l’époque.

Dans les années 1970, un troisième film, « l’oiseau bleu » aura également pour cadre les grottes de SAINT CEZAIRE, mais cette fois-ci, sans aucun impact en terme de notoriété de la grotte.

Les années 80 connurent l’afflux de Hollandais, venant visiter à titre particulier (non en grands groupes constitués); et de Suédois. Les visiteurs Hollandais sont encore très présents de nos jours. Par contre, le phénomène Suédois s’est développé tout différemment. Dans les années 60, les Grottes ont accueilli les Suédois par grands groupes organisés, à la fois au printemps (Avril-Mai) et à l’automne (Août-septembre) dans le cadre de grands parcours qui leur étaient proposés:

Un des circuits les prenait en charge à partir de l’aéroport de NICE, vers GRASSE par navette; puis visite des Grottes de SAINT-CEZAIRE, avant nouveau départ vers CASTELLANE, où leur était proposée une nuit à l’hôtel avant de découvrir le lendemain matin les GORGES-DU-VERDON où un pique-nique était organisé. C’est dans ce contexte que les Grottes de SAINT-CEZAIRE se mirent à l’heure Suédoise… Jusqu’à l’abandon complet de ce circuit à cause de problèmes d’avions et d’horaires difficilement tenus…Dès lors, comme les Hollandais, les Suédois ne devaient plus venir en groupes, mais à titre individuel.

Dans les années 70/80, les Grottes firent face à l’émergence très sympathique des groupes du troisième-âge: intérêt de cette population qui a été en croissant, les années passant…

Dans les années 90, ce sont les résidents du Danemark qui ont fait la gloire des Grottes, à tel point, qu’en guise de conclusion, le fils du découvreur des Grottes, Marcel, se plaisait à répéter: « Il n’y a que la Reine qui n’est pas là… » …Tant ses sujets vinrent en nombre à cette époque !

Alors bien sûr, face à ces arrivées massives, il a fallu après la guerre apprendre à gérer toujours plus de personnel; apprendre à répondre aux goûts d’une clientèle si variée. Et c’est justement, cette grande faculté d’adaptation qui a permis aux Grottes de SAINT-CEZAIRE de se développer sur un plan national et international.

De tout temps, nous l’avons dit, ce qui a sauvé cette petite entreprise familiale, c’était la concorde entre tous les membres, ainsi que la polyvalence de chacun.

Car, forcément, les grottes demeurent, mais les membres de la famille s’éclaircissent, le temps passant. Alors, la politique de la famille a toujours été la même: toucher à tout pour pouvoir se remplacer, le jour venu…

Pour exemple, repartons du découvreur, Léon DOZOL, et également premier guide.

Il fut remplacé par son fils, Marcel, qui a également eu pour mission de former tous les autres guides, dont M. Emile BRE, M. Gaston POTER (qui nous l’avons vu avait aidé à la construction de la route initiale)… Et pour ne citer que les plus importants, en terme de longévité de carrière au sein des Grottes (souvent plusieurs décennies): 

M. Roger BELLETTINI (guide à temps plein, qui avait également des dons en électricité; très précieux pour la Grotte), M; Gaby DOZOL (facteur de profession qui venait donner de son temps comme guide à temps partiel), et depuis 1982, M.Tony CALKO, chef des guides, toujours en activité.

Auxquels, pour être complet, il convient d’ ajouter pour faire face à la période estivale, et à l’affluence de visiteurs, tous les jeunes des familles CORLAY/LELOUP (descendants des DOZOL), ainsi que de nombreux étudiants.

Chaque année, une joyeuse équipe, soudée, qui se reconstituait; avec pour tradition un grand repas où tous étaient conviés, le 15 Août: à la fois pour fêter la fin d’une nouvelle saison estivale, ainsi que la Sainte Marie, pour fêter dignement « Tante Marie » (fille aînée de Léon DOZOL).

Cette polyvalence et ce passage de relai se sont confirmés plus d’une fois dans la vie des Grottes, dans les autres activités.

Par exemple, Mme LELOUP (petite fille du découvreur) s’occupait activement du bar l’hiver; et de la caisse, l’été. Son oncle, Joseph, tenait la caisse; pendant que le frère de Joseph, Marcel, était guide. A la mort de Joseph, l’entreprise dut se réorganiser, c’est Marcel (le fils du découvreur, et premier guide) qui devint responsable de caisse, tandis que sa fille, Josette LELOUP, prit en charge la coordination des guides, et du coup, le bar se retrouva dans les mains d’Eugénie (la maman de Josette).

Les humains ont du s’adapter; les bâtiments aussi…

Nous avons vu qu’en 1902, à l’époque des premières visites, suite à une tentative de dégradation des Grottes de Saint-Cezaire, un petit cabanon solidement fermé avait été érigé au-dessus de l’entrée de la Grotte.

Pour répondre à l’attente des visiteurs, arrivant nombreux, et devant parfois patienter quelques minutes, le cabanon initial a laissé place, en 1924, à un pavillon plus important comprenant le hall ainsi que la boutique , comme ils se trouvent actuellement.

 

Puis en 1935 fut édifié un grand garage à la place du bar actuel. Garage qui deviendra le bar en 1965, au moment où les Grottes seront reliées au services EDF.

Coup de pouce de la municipalité pour désengorger la route des Grottes, victime de sa popularité ( à l’origine à double sens de circulation): en 1954 fut achevée la route qui permet de repartir en direction de Saint-cezaire. Un confort de plus pour les visiteurs…

Toujours pour s’adapter à une clientèle nombreuse et diverse, -en l’occurrence, les jeunes enfants-,  1960 fut l’année d’édification du préau actuel situé sous la terrasse. Ainsi, quand les jeunes enfants devaient attendre entre deux visites, ils pouvaient, même par mauvais temps, prendre le temps de se restaurer, à cet emplacement, couvert, équipé de tables et de bancs (comme vous pouvez encore le voir de nos jours).

 Et, de nouveau, pour faire face à des tentatives de cambriolage (3 tentatives  en 1964), intervint la sécurisation des bâtiments par de solides grilles de protection.

Déjà, beaucoup de choses avaient changé, tant matériellement que dans l’esprit…

Quand on pense simplement que Léon Dozol se considérait avant tout paysan, et qu’il a d’abord envisagé sa grotte comme un manque à gagner (imposant l’idée de la visite payante).

50, 60, 80 ans plus tard, il faut tout repenser: apprendre à gérer une véritable entreprise; apprendre à gérer le flot des touristes…

Une remarquable ascension familiale.

Un effort au quotidien.

Mais au final: quel exploit !

 

« Deviens ce que tu es »   

Emerson

                         

 

Ainsi fut-il fait !

Mais, outre le personnel et les bâtiments, fut déterminante aussi l’offre de services à cette clientèle. Et dans ce domaine aussi: adaptation et évolution furent les maîtres-mots…

Nous l’avons dit, tout de suite après la guerre, sans eau, sans électricité, l’activité de restauration devint trop lourde. Elle fut abandonnée…

A l’occasion de certains grands groupes, les femmes de la famille organisaient un goûter familial autour d’un bon café et de savoureuses « oreillettes »,* confectionnées par leurs soins.

L’activité Bar était déjà très prenante, avec à l’origine, de simples glacières chargées de pains de glace, pour assurer la fraîcheur des produits ! Puis, avec l’électrification tout devint plus simple et permit une offre plus variée: glaces, crêpes et snack depuis 2002.

Afin d’évoluer et d’offrir une meilleure qualité de service encore, en 2008 s’ouvrait le restaurant des Grottes, qui permit (comme à l’origine, du temps des autocars RICOU) de fixer des groupes de visiteurs pour une agréable journée complète, sur le site des Grottes, depuis la très plaisante terrasse , ombragée sous les tilleuls centenaires, avec perspective plongeante sur le parc de 6 ha.

Suivant cette même idée, d’un emplacement privilégié où il est agréable de se ressourcer, l’année 2009 devrait permettre d’innover encore avec, -moyennant le prix inchangé du ticket visite de la grotte-, l’accés à un sentier botanique.

Outre son aspect « bulle d’oxygène », ce parcours permet aussi de mieux comprendre le contexte de découverte de la grotte: le terrain, avec son relief, ses végétaux, sa faune, tel il se présentait à l’époque de la découverte des Grottes de Saint Cézaire.

A terme, commence à germer l’idée d’un grand parc, entièrement clos, permettant de jouir de l’intégralité de l’espace, avec aires pour enfants, jeux divers, animaux de la ferme… Mais cela est un autre projet, porté courageusement à bout de bras par  l’actuel gérant, M. Christophe CORLAY (descendant de la famille): jeune personne dynamique qui a sans nul doute hérité du courage et de l’opiniatreté de ses illustres aïeux. Affaire à suivre…

*Petits beignets Provençaux, plats, aromatisés à l’alcool ou à la fleur d’oranger, et recouverts de sucre

Les guides, eux-mêmes, durent s’adapter à cette clientèle toujours plus internationale, et les visites furent organisées systématiquement en Français et en Anglais, avec tout un système de traductions écrites fournies gracieusement aux visiteurs, afin qu’ils puissent, eux aussi, profiter au maximum des détails et finesses de la grotte.

De nos jours, 7 traductions sont disponibles: Allemand, Hollandais, Danois, Italien, Espagnol, Polonais et Russe.

Enfin, la boutique des Grottes s’est remarquablement développée au fil du temps.

De simple échoppe à cartes postales, elle est devenue la boutique spécialisée en minéraux et produits régionaux. Le besoin d’évoluer s’est manifesté très tôt, sous la houlette des différentes femmes de la famille (dont « Tante Joséphine », épouse du second fils de Léon DOZOL, et maîtresse de cette espace).

Dès 1930, ce sont des cartons entiers de poteries d’Annemasse, en Savoie, qui étaient commandés pour répondre à une clientèle friande de ces produits.

Puis, en 1970/1980, la boutique a été particulièrement appréciée pour ses poteries de VALLAURIS et ses jolis tableaux composés de calcaire véritablement ciselé sous l’action d’une source pétrifiante de SAINT-NECTAIRE. Déjà, l’idée de la boutique actuelle était née: favoriser les produits en relation avec les richesses minérales, et développer la connaissance des produits régionaux.

Il faudra attendre les années 80 pour que la boutique commence à proposer les premiers minéraux en vrac, ou sur socles.

Enfin, en 1988, la boutique commence à diffuser les premiers bijoux.

Aujourd’hui, riche d’une collection de minéraux en progression constante, elle se veut à la fois boutique de souvenirs en rapport avec la visite des Grottes (cartes postales, dépliants), espace de découverte des produits du terroir (alcools, herbes aromatiques) et surtout, vente de minéraux en fonction de leurs vertus lithothérapies.

Evoluant avec notre temps, cette boutique existe désormais aussi sur le net, sur le site: www.geobootik.fr, afin de vous permettre de retrouver tous les produits de l’espace minéral, depuis chez vous, avec des fiches très renseignées sur les différents minéraux sélectionnés.

 

EPILOGUE

Grotte d’hier, grotte d’aujourd’hui, grotte de toujours…

Tout comme un être humain, notre Grotte de Saint-Cezaire vit à son propre rythme.

L’été est synonyme d’effervescence: effectif de 12 personnes pour satisfaire tous les postes de travail; foule et cris joyeux des enfants en continu, de l’ouverture à la fermeture. Nous vivons au rythme des arrivées des autobus et voitures particulières; les groupes s’alternent à une cadence soutenue, toujours dans le respect des règles de sécurité. On ne badine pas avec l’univers de Jules !

Oui, si vous avez visité, vous le connaissez notre ami Jules, l’hôte inconditionnel des Grottes (baptisé ainsi par des visiteurs dès les années 30) ! Si vous ne le connaissez pas encore, notre guide va vous renseigner sur sa présence blanche éclatante au milieu de son univers de calcite orange… Au cœur de l’été, venez goûter l’ambiance naturellement rafraîchissante d’une grotte…

A l’été se substitue un rythme plus lent à partir du mois de septembre: mois idéal pour notre clientèle du troisième âge. Nous recommençons tous à prendre le temps de vivre… C’est la rentrée des classes, et tous les jeunes étudiants venus nous aider pour la saison repartent sur les bancs des universités. Les jours sont plus courts, mais la tiédeur ambiante est si plaisante. Il est encore temps de profiter d’une bonne assiette de salade fraîche préparée avec soin par notre chef, après la visite des Grottes. Les vacanciers sans enfant ne s’y trompent pas: c’est une période idéale !

Avec l’automne et les premiers frimas, les visites deviennent plus rares. Lentement, la Grotte se referme sur ses secrets… Le personnel se rétrécie comme une peau de chagrin pour arriver à trois personnes qui veillent sur les affaires courantes, et assurent le suivi de tout ce qui n’a pas pu être fait durant l’été trépidant.

Le mois de Décembre arrive. Père Noël et Jules ne font pas bon ménage…

Il est l’heure pour Jules de gagner un repos bien mérité: lui, tout le printemps et tout l’été, il a illuminé les yeux de centaines d’enfants. En décembre, c’est au tour du Père Noël d’effectuer cette magie…

Mais Jules se sent parfois seul… Heureusement, le monde est bien fait !

 

Le guide vous le dira, cela aussi: pour tenir compagnie à ce digne vieillard, la Fée sort de sa chambre, durant les longues journées d’hiver…Et elle se met à jouer un petit air entraînant sur les grandes orgues de la Grotte.

Nous aussi, le personnel, il nous semble bien l’entendre, cette petite mélodie…

A moins que… !

Non, c’est donc cela… Les jours allongent de nouveau; le printemps se manifeste autour de nous par le soleil dans les arbres: les mimosas…

C’est cela ! Les premières vacances d’hiver arrivent, et avec elles, les premiers rires d’enfants, les joyeuses familles sont de retour !

Oh, mais écoutez !

Ca y est… Les instituteurs nous ramènent les enfants par classes entières.

Oui, pas de doute ! Un bus, deux bus…Le parking en est couvert; de toute part, des enfants de tous âges gambadent, tout heureux de faire la visite, se déchaînant autour d’un ballon en attendant leur tour.

Et les mêmes réponses du guide: « Non ! Il n’y a pas de chauve-souris dans les Grottes de Saint-Cézaire. Non ! Pas de dragon, non plus ! »

C’est fini, Jules ! On ne dort plus. Il est temps de réapparaître en pleine lumière…

C’est au tour de la petite Fée de se reposer: désormais, ce sont les guides qui avec leur grand art, vont te jouer une mélodie…

Et les premières chaleurs reviennent…

Une année est déjà passée,

Nous laissant la tête pleine de beaux souvenirs,

Nous trouvant prêts à relever de nouveaux défis

Pour vous, avec vous,

Français et touristes de tous les pays,

Qui venaient par centaines, par milliers…

Faisant mentir, Léon Dozol, lui même

Quand il affirmait:

« Vous ne verrez jamais une voiture ici »…

Merci à la nature pour cette merveille qu’elle nous a donnée,

Merci au travail et à la pugnacité des familles DOZOL/CORLAY/LELOUP

Merci à tout le personnel de jadis, et d’aujourd’hui,

Merci à vous tous, visiteurs d’un jour, ou fidèles d’entre les fidèles

Qui contribuez au développement de cette aventure unique.